Thursday 18 July 2013

Critique sur "All Is One" en 26 mai 2013 / Κριτική του All Is One 26 Μαΐου 2013 (Fr-Ελ)

FR


     Comment les gens, indépendamment de leur vécu et de leur origine, en viennent-ils à sentir le même scintillement à l’écoute d’une chanson, face à une image ou autre stimulation artistique ? Pouvons-nous identifier des notions élémentaires et universelles afin d’expliquer les émotions communes provoquées par les événements de la vie ? Carl Gustav Jung avait raison de voir dans les archétypes des représentations expérimentées non pas individuellement mais collectivement, et héritées d’une terre profonde et large qu’il a nommée « inconscient collectif ».

     Sur cette théorie des constantes universelles déclenchées par de multiples supports est basé le spectacle « All Is One » de Taxiarchis Vassilakos et sa troupe. Le spectacle, montré sous forme de work in progress en Grèce l’été 2012, fut présenté à Paris en mai 2013 par un groupe franco-grec réunissant des danseurs, des acteurs, mais aussi des musiciens, situant la problématique des archétypes dans un contexte visuel original. Il a eu lieu à l’espace Saint-Sauveur, une église désacralisée dont l’architecture minimale contribua à la création d’un décor naturel et imposant.

     Le spectacle consiste en l’adaptation chorégraphique de différents morceaux de musique. Ainsi, un morceau de piano de Rachmaninov du début du XXe siècle, combinant austérité et douceur, nous transporta. Une danse grecque nous rappela, à travers l’usage du cercle, la cohabitation harmonieuse entre les membres d’une société. L’image du couple dansant une valse du XIXe siècle nous évoqua l’insouciance du premier amour.
Les danseurs mettaient en valeur les différents aspects de chaque composition chorégraphique et représentaient les images que chaque morceau musical leur inspirait. Des intermèdes narratifs extraits de l’œuvre Ascèse de l’écrivain Nikos Kazantzakis, et plus précisément de sa théorie sur la « Race », entrecoupaient les danses. Selon l’écrivain crétois, chaque individu contient les voix, les angoisses, les espoirs et les rêves de ses ancêtres qui continuent à vivre à travers notre existence tout en influençant notre perception du monde ainsi que nos actes. À la fin de chaque scène, la récitation de l’Ascèse s’associait à une danse montrant l’expérience personnelle de la lutte intérieure ayant lieu lorsque nos instincts ancestraux surgissent pour s’imposer.

     Nous assistons donc à la représentation de scènes familières inspirées de musiques hétéroclites. Le pouvoir du spectacle surgit de l’exposition du spectateur à des thèmes musicaux variés où « Tout » provoque des émotions familières et partagées, car elles peuvent se décoder à travers « Une » théorie, celle des archétypes. Le pluralisme des scènes invite le spectateur à s’interroger sur le processus commun qui conduit à la perception du beau, de l’harmonieux et du transcendant. En plus, la narration de l’Ascèse semble avoir un double rôle. Par moments, l’interrogation créée lors du récit se situait à la limite entre image et stimulus. Mais cette narration fonctionna à la fois de manière synthétique, puisque la théorie sur la « Race » définit nos réactions comme l’expression inconsciente des besoins, des désirs et des angoisses de nos ancêtres qui nous sont parvenus au fil des générations.

     Le spectacle réussit à présenter de façon harmonieuse et continue les différentes parties musicales et chorégraphiques. La narration de l’œuvre de Kazantzakis constituait le lien entre les scènes successives en donnant au spectacle une respiration. À travers une danse théâtrale très symbolique, les danseurs ont réussi à représenter un large éventail d’expressions humaines dans un décor simple qui contribuait à la transmission des messages du spectacle. La musique portée principalement par le piano et par moments le violon devenait un support idéal de l’action sur scène. L’usage alternatif du français et du grec lors de la récitation des extraits de l’Ascèse intensifiait le pluralisme du point de vue narratif. Les mouvements des danseurs, oscillant avec un équilibre absolu entre l’éthéré et l’intense, le classique et le moderne et en fin de compte entre le collectif et l’individuel, donnaient une autre perspective : celle d’un groupe d’artistes qui tantôt fonctionne collectivement et tantôt laisse ses membres s’exprimer individuellement. Parfois, les artistes se mélangeaient harmonieusement comme un ensemble organisé qui ensuite se disloquait et libérait une unité qui dansait, chantait ou récitait. Les danseurs et les musiciens, par leur coordination, contrebalançaient les monologues de l’Ascèse, donnant une perspective complémentaire au contexte théorique de « All Is One ».

     En conclusion, nous aimerions féliciter Taxiarchis Vassilakos et sa troupe pour leur louable effort. Ils ont réussi à construire un spectacle qui peut être interprété à plusieurs niveaux. Et même si les interrogations philosophiques qui en résultent sont nombreuses, cela n’empêche pas de se réjouir en admirant la danse qui tout en étant un moyen d’expression multiple et complexe préserve dans sa simplicité un pouvoir authentique.

Anikitos GAROFALAKIS

Traduit du grec par Alkistis KOKKINI

Source: http://www.noizy.gr/index.php?option=com_content&view=article&id=2806:all-is-one&catid=98:articles-front-page&Itemid=640

GR

Στα ελληνικά το άρθρο είναι δημοσιευμένο στη διεύθυνση http://www.noizy.gr/index.php?option=com_content&view=article&id=2806:all-is-one&catid=98:articles-front-page&Itemid=640




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